Fluorescences.
Jean Claude Le Gouic

le "BOL", Maison Bourgogne, Orléans, mars 2009.

 

Invitant à des déambulations ponctuées par des arrêts fascinants, les installations de Jean Claude Le Gouic sollicitent le regard des spectateurs dans une ambiance de couleurs vives et de lumières étonnantes (éclairages ultraviolets). Les approches sont multiples et ambiguës ; elles permettent parfois des pénétrations corporelles et demandent d'autres fois des explorations uniquement visuelles. La réalité et l'artifice se mêlent favorisant des entrées dans l'imaginaire.
Si la forme traditionnelle du tableau a disparue, la peinture reste présente. Les composants habituels de l'univers de la peinture sont toujours là. Les formes, matières, couleurs, espaces, etc. ne sont pas présents uniquement pour eux-mêmes mais parce qu'ils ouvrent la porte à diverses narrations et mises en correspondances littéraires : le monde d'Alice, les récits mythologiques, les rêves et leurs interprétations.
Une certaine gourmandise dans l'usage de la couleur interpelle d'autant plus qu' ici des transparences subtiles et là des dégradés progressifs marquent la présence manifeste d'une retenue dans l'excès.
Les matériaux et les procédés sont variés sans pour autant s'opposer. Jean Claude Le Gouic associe la jubilation des couleurs artificielles à une attention portée sur les formes produites par la nature. Teintes industriellement (les tulles ou les élastiques) ou peintes manuellement (les bois), les couleurs entrent en interaction avec les textures. La couleur se fait fard et habit. Elle recouvre l'âme ligneuse des arbres afin de redonner vie aux bois morts. La nouvelle enveloppe couleur facilite la perception des personnalités différentes des productions de la nature. La couleur, dont on sait qu'il est difficile de trouver les mots pour la dire, redonne ainsi la parole aux formes naturelles. Permettre à celles-ci de s'exprimer, entraîne ensuite les spectateurs vers leurs propres formulations langagières. Depuis toujours la peinture fait parler.
Après avoir appâté le visiteur par des couleurs fluorescentes, ces diverses créations ont le désir de maintenir en éveil l'œil et l'esprit. L'absence de surfaces bidimensionnelles (toiles ou d'images photographiques) évite les accroches frontales et demande de multiplier les approches. Pour voir il faut accepter de déplacer non seulement son corps mais aussi de mettre en mouvement diverses interprétations des perceptions. Les variations de lumières amènent à douter de ce que l'on croit voir à un moment donné. Les choses ne sont pas fixes. Elles sont susceptibles de multiples métamorphoses.

Le double enjeu de ces Fluorescences est de pénétrer la couleur et de se laisser mouvoir et émouvoir par elle.

 

                                                                                    Jean Helget