Emergences fluorescentes

     D'où provient l'intensité de la couleur ?
Comment situer les émergences lumineuses ?

   A travers des créations plastiques différentes — peintures, installation, objets — Jean Claude Le Gouic travaille depuis quelque temps à questionner la perception du spectateur, à l'interroger sur les variations du regard selon ses déplacements ou les modifications de la lumière.


   Dans la salle dite des Abeilles du Pavillon de Lanfant, tout se joue sur la dualité et l'alternance, à commencer par l'éclairage qui oscille en permanence entre lumière blanche et lumière noire. Les peintures sur toile, comme les panneaux de tulles recouvrant les murs ou le cube tendu d'élastiques fluorescents, demandent de s'y prendre à plusieurs fois pour appréhender le mélange des réalités tangibles et des espaces fictifs produits. Cette mouvance permanente des choses vues renvoie sans doute à l'indétermination des objets, des corps et des êtres.
L'utilisation généralisée des teintes fluorescentes ne cultive pas seulement les stridences mais aussi les fines nuances des couches colorées superposées.

  La couleur se veut avant tout une alternative généreuse. Elle recouvre, habille et fait vibrer aussi bien les objets inanimés que les espaces architecturaux. Cette positive attitude lui permet de redonner une destinée aux bois morts ramassés dans le Dévoluy. Sur les murs de la salle de droite, les branches sans écorces étalent leurs différences. La peinture fluorescente leur apporte une autre peau pour une autre vie.

   Dans cette exposition où il est souvent question de recouvrement, d'habillage, d'enveloppe, l'attirance pour le décoratif est assumée. On se souviendra de Matisse qui disait : "Il faut d'abord être décoratif. La substance ne suffit pas, il faut aussi une enveloppe."

   Avec Émergences fluorescentes, Jean Claude Le Gouic s'approprie les espaces du rez-de-chaussée du pavillon de Lanfant pour y installer un décoratif contemporain en dialogue avec les décors chargés du lieu.