Jean Claude LE GOUIC

 

2007

Salle Cube, Mairie du 9e, Paris

 


        Comme des interfaces transparentes, les différentes couches de tulle fluorescent enveloppent l'architecture intérieure afin d'y installer un espace vibrant. Le diaphane des textiles s'associe à la fluorescence pour perturber la perception de l'environnement. Sous l'effet de la lumière noire, certains pans de couleurs avancent tandis que d'autres reculent. Les effets de surface rivalisent avec les profondeurs fictives. Les murs perdent leur solidité. Les lieux de la couleur et de la lumière, lorsqu'ils deviennent indiscernables, font douter l'œil du regardeur.
Le textile en feuil, plié et superposé entraîne, suivant l'angle du regard, des effets de moirures. Le corps du spectateur en se déplaçant dans la pièce devient l'agent des modifications des teintes et des transparences. Au cours de la journée aussi la perception du lieu évolue. Rien ne change et pourtant tout se transforme : fragmentations, nuances multiples, espaces inversés. Cette mouvance permanente rappelle sans doute l'indétermination des choses et aussi des êtres.
Ce travail de peintre a été réalisé sans peinture. Du fait de l'emploi du tulle teint industriellement, la couleur n'est plus appliquée sur le support. Il ne s'agit pas de revêtir le mur mais, plus prosaïquement, de le vêtir, de faire en sorte qu'il ne paraisse plus nu.
Les coups de pinceau, les traces de rouleau, les lignes dessinées, toutes les marques personnelles de l'artiste ont disparu ; pourtant cela ne conduit pas vers un art de la froideur, du neutre et de la déshumanisation. Bien au contraire, l'irradiation des couleurs intenses et les diverses mouvances spatiales tendent à favoriser les battements d'espaces comme autant de diastoles /systoles affectives.


 

 
 
 
     
     
     
     
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